MILEMIL. Le crampon rétro du futur.

Si Romans est connue pour être la capitale de la chaussure de luxe, la cité drômoise pourrait aussi devenir, à terme, celle du crampon 100% made in France grâce pari fou lancé par Christophe Pinet, et de son associée Isabelle Dhume. Pour Christophe, tout part d'un constat navrant chez ce collectionneur de chaussures de foot. Malgré ses recherches obstinées, impossible de trouver une paire de crampons fabriquées dans l'Hexagone. Tous les modèles sont produits en Asie et en matière synthétique chère à Thierry Hazard, pas le frère d'Eden qui danse souvent le jerk sur le pré. Lui est amoureux du cuir pleine fleur et de coton naturel. Un truc vrai comme le football de son enfance, avec le gros Mimi dans les bois et le p'tit Babasse qui se prend pour Platoche. Une passion qu'il partage avec Isabelle, dessinatrice, qui a tenté mille expériences avec le cuir avant de se concentrer définitivement sur la chaussure. Elle et lui étaient donc fait pour se rencontrer. L'occasion se présente lors d'un forum spécialisé. Le tandem planche alors sur un projet et, avec l'esprit d'entreprise qui les anime tous les deux, fonde la société Milémil. Grâce au principe du financement participatif très en vogue sur internet, Isabelle et Christophe achètent leurs premiers moules (2000 € l'unité, c'est pas rien) et les premiers crampons à la sauce vintage sortent de l'usine il y a un an tout juste. Une belle histoire qui touche au cœur et va droit au but, avec les crampons Milémil aux pieds. Rencontre avec l'initiateur du projet, adepte du une-deux en équipe mixte.



Quel est ton parcours et quand et comment est venue cette idée de chaussures de foot 100% française ?
Christophe : Je suis un ancien pensionnaire du centre de formation du Sporting Club de Toulon. A la rétrogradation du club en DH, j'ai décidé revenir dans mon club formateur, Six-fours le Brusc football Club. Je me suis consacré à des études de commerce. J'ai travaillé dix ans dans la grande distribution et l'année dernière j'ai crée avec Isabelle Dhume, la société Milémil. Le seul fabricant français de crampons de foot.

Rassure-moi, mais le nom de la marque n'a bien aucun rapport, de près ou de loin, avec le chanteur de Gold ?
Le nom vient de la contraction de « Dans le mille, Emile ». Nous voulions un nom un peu franchouillard et facile à prononcer dans toutes les langues.

Où en es-tu depuis la création de la chaussure Milémil ? As-tu fais des démarches auprès de joueurs et/ou clubs professionnels ? Et quels sont les retours ?
Nous avons trois joueurs de Ligue 2, cinq joueurs français à l'étranger. Les retours sont très positifs car la qualité et le confort en font un produit unique. Maintenant à nous de nous développer pour signer des contrats pour les voir sur les pelouses.

Et au niveau amateur ?
Nous avons pratiquement quatre-cent joueurs qui portent nos crampons le dimanche. Nous en sommes fiers.

Quelles conclusions tires-tu de tes démarches auprès des médias ?
Beaucoup sont intrigués et nous ont un petit article dans le journal. Nous sommes passé sur TF1 juste avant le premier match de l'EDF durant la coupe du monde au Brésil.


Milémil, c'est avant tout le style vintage. Quels sont les joueurs du passé que tu aurais aimé voir porter tes chaussures ?
Il y en a tellement à cette époque. Platini, Maradona, Cruyff, la bande des Verts et l'équipe de France 1982-84-86.

Et les joueurs actuels qui correspondent à l'esprit de la marque ?
Des joueurs qui ont des valeurs, Xavi, Totti, Lloris.

Milémil, c'est aussi des chaussures « côté ville ». Es-tu satisfait de la commercialisation et des ventes de celles dernières ?
Oui, le produit plaît énormément et nous avons de nombreux coloris.

N'est-ce pas trop compliqué de produire « 100% français » avec des produits de qualité (cuir et coton biologique) ?
Le produire Français est très compliqué car nous avons perdu beaucoup de savoir-faire en une vingtaine d'année. Il faut tout ré-expliquer par exemple pour la chaussure de foot. Cela fait plus de trente ans que la France ne produit pas de crampons.

Quelle est la durée de fabrication d'une paire de chaussures ?
Il faut quatre heures pour fabriquer une paire.

Comment se passe une journée type pour toi depuis la création de Milémil ?
Usine, mail téléphone, boutique, déplacements... C'est une journée de dingue mais je ne changerai pour rien au monde.

N'est-ce pas une tâche ardue de s'attaquer à un domaine réservé à certaines multinationales et leur contingent de campagne de communication ?
Oui, mais nous faisons l'opposé des grandes marques. Nous avons un produit de qualité et nous essayons de le promouvoir, pas avec des joueurs qui font la guerre ou qui font du bling-bling à la télé.

As-tu des contacts à l'étranger pour une éventuelle commercialisation de la marque Milémil ? Ou bien est-ce un projet à l'étude ?
Nous avons des contacts avec des Français basés en Chine, Taïwan et Hong Kong.

D'ailleurs quelles sont tes idées à l'avenir pour asseoir la marque dans les esprits des footballeurs ou des supporters de foot ?
Je ne veux pas leur mentir. Nous voulons continuer dans le made in France avec des chaussures confortables et de qualité. Aujourd'hui, le modèle phare passé un certain âge, c'est la « Copa Mundial » (modèle de la marque aux trois bandes sorti en 1979). Je voudrais que demain ça soit la Milémil.

Le style « casual » des chaussures de ville n'est-il pas une idée à creuser auprès des ultras pour le développement de la marque ?
Nous avons eu cette idée, faire un modèle pour les South Winners ou les Canaris. Nous cherchons des contacts dans les groupes de supporters pour développer un modèle.


Te sens-tu d'ailleurs profondément « against modern football » ?
Le football actuel va trop loin, en terme d'argent, de joueurs. Ronaldo est un excellent joueur mais il ne me fait pas rêver. Nous avons perdu la magie du football qui me faisait rêver étant jeune.

Et l'image du football selon Milémil, c'est quoi ?
Deux pulls dans une cour d'école avec un ballon en mousse et la joie de pouvoir taper dedans.

Te souviens-tu de la première fois que tu as chaussé des crampons ?
Oui, j'avais trois ans. C'était au stade de la Coudoulière à Six-fours. C'était un terrain stabilisé.

Quelle est ton équipe de cœur ?
Mon équipe de cœur c'est l'OM. Mais j'ai beaucoup d'affection pour le Sporting Club de Toulon, ça me fait mal de les voir en DH. J'espère qu'un jour ce club retrouvera l'élite.

Pour finir, quel est le « onze » type (toutes époques confondues) de la chaussure Milémil ?
Yashin – Amoros, Benkenbauer, Blanc, Maldini – Tigana, Cantona, Waddle – Cruyff, Platini, Maradona.

Lien : http://www.milemil.fr

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